À ma grande détresse, j’entends parfois des gens dire, dans leur zèle pour la ferveur et l’efficacité dans la prière, que nous ne devrions jamais qualifier nos demandes de prière avec les mots « si c’est ta volonté ». Certains diront même qu’attacher ces mots, ces termes conditionnels, à nos prières est un acte d’incrédulité. On nous dit aujourd’hui que dans l’audace de la foi, nous devons « le nommer et le revendiquer ». Je suppose que je devrais être plus mesuré dans ma réponse à cette tendance, mais je ne peux penser à rien de plus étranger à l’enseignement du Christ. Nous arrivons devant Dieu avec audace, mais jamais avec arrogance. Oui, nous pouvons nommer et revendiquer ces choses que Dieu a clairement promises dans les Écritures. Par exemple, nous pouvons réclamer la certitude du pardon si nous confessons nos péchés devant Lui, parce qu’Il le promet. Mais quand il s’agit d’obtenir une augmentation, d’acheter une maison ou de trouver la guérison d’une maladie, Dieu n’a fait ce genre de promesses spécifiques nulle part dans les Écritures, donc nous ne sommes pas libres de nommer et de revendiquer ces choses. Comme je l’ai mentionné plus tôt, lorsque nous nous présentons devant Dieu, nous devons nous souvenir de deux faits simples : qui Il est et qui nous sommes. Nous devons nous rappeler que nous parlons au Roi, le Souverain, le Créateur, mais nous ne sommes que des créatures. Si nous gardons ces faits à l’esprit, nous prierons poliment. Nous dirons : « Par ta permission », « Comme tu veux », « S’il te plaît », et ainsi de suite. C’est ainsi que nous procédons devant Dieu. Dire que c’est une manifestation d’incrédulité ou une faiblesse de la foi que de dire à Dieu « si c’est ta volonté » revient à calomnier le Seigneur même de la prière du Seigneur. C’était Jésus, après tout, qui, dans son moment de plus grande passion, a prié concernant la volonté de Dieu. Dans son évangile, Luc nous dit qu’immédiatement après la dernière Cène : En sortant, il se rendit au mont des Oliviers, comme il en avait l’habitude, et ses disciples aussi le suivirent. Arrivé à cet endroit, il leur dit : « Priez afin que vous ne tombiez pas dans la tentation. » Et il s’éloigna d’eux à un jet de pierre environ, et il s’agenouilla et pria, disant : « Père, si c’est ta volonté, éloigne de moi cette coupe ; néanmoins que non pas ma volonté, mais la tienne, soit faite. Alors un ange lui apparut du ciel, le fortifiant. Et étant à l’agonie, Il a prié avec plus de ferveur. Alors sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang tombant sur le sol. (Luc 22:39-44) Il est important de voir ce que Jésus prie ici. Il dit : « Que ma volonté ne soit pas faite, mais la tienne. » Jésus ne disait pas : « Je ne veux pas être obéissant » ou « Je refuse de me soumettre ». Jésus disait : « Père, s’il y a un autre moyen, toutes choses égales par ailleurs, je préférerais ne pas avoir à le faire ainsi. Ce que tu as mis devant moi est plus horrible que je ne peux l’envisager. J’entre dans Ma grande passion et je suis terrifié, mais si c’est ce que tu veux, c’est ce que je ferai. Non pas ma volonté, mais ta volonté, soit faite, car ma volonté est de faire ta volonté. » Je veux aussi que vous remarquiez ce qui s’est passé après la prière de Jésus. Luc nous dit qu’un ange est venu à lui et l’a fortifié. L’ange était le messager de Dieu. Il est venu du ciel avec la réponse du Père à la prière de Jésus. Cette réponse était celle-ci : « Vous devez boire la coupe. C’est ce que signifie prier pour que la volonté de Dieu soit faite. C’est la plus haute expression de la foi que de se soumettre à la souveraineté de Dieu. La vraie prière de la foi est la prière qui fait confiance à Dieu, peu importe que la réponse soit oui ou non. Il ne faut pas de foi pour « revendiquer », comme un voleur, quelque chose qui ne nous appartient pas de revendiquer. Nous devons venir à Dieu et lui dire ce que nous voulons, mais nous devons lui faire confiance pour donner la réponse qui est la meilleure pour nous. C’est ce que Jésus a fait. – RC Sproul, La prière du Seigneur