A priori ça semblait une bonne idée. Pas besoin de tuteurs par exemple, ni de place puisqu’on peut accrocher les pots au plafond.
… sauf que dans la pratique, le vent casse les tiges de tomates à l’envers, donc il faut les replier doucement en essayant de ne pas les casser pour les attacher au pot.
… et donc… oui, il faut les attacher aussi.
Il n’existe pas de pot à petit prix, il faut les fabriquer soi-même.
Par exemple en recyclant des bouteilles en plastique de 5 litres.
Il y a plein de manières possibles pour découper des bouteilles, selon le sens que l’on choisit, le goulot en haut ou vers le bas.
Là, c’est une idée pour fabriquer facilement une petite réserve d’eau au fond de la bouteille.
Un tube en plastique dur plus large que les tiges des légumes que l’on veut faire pousser.
Un trou plus petit dans le bouchon un peu souple, dans lequel le tube est enfoncé en force, ce qui crée l’étanchéité.
Une fois la bouteille à l’envers, la hauteur du tube dans la terre détermine la hauteur maxi de la réserve d’eau dans la bouteille. Sinon toute l’eau en trop est presque immédiatement perdue par le trou, en bas, par simple gravité. La forme de la bouteille canalisant toute l’eau comme un entonnoir.
L’astuce du tube permet d’arroser moins souvent.
En haut, pour pouvoir arroser il faut percer.
Un fond de bouteille de 5 litres, c’est du plastique épais et dur, difficile à couper.
Une perceuse avec une scie cloche permet d’éviter les gestes dangereux avec des objets coupants comme des cuters.
Il faut un trou assez large pour pouvoir arroser, mais si le trou est plutôt petit, l’évaporation se dépose en partie sur la paroi et recoule dans la terre, ce qui permet aussi d’éviter d’arroser trop souvent.
Il faut aussi deux ou quatre petits trous pour passer une corde solide pour l’accrochage.
5 litres de terre c’est lourd.
5 litres de terre humide, c’est encore plus lourd.
Rajoutez encore par exemple un à deux kilos de tige de tomates et de fruits…
Même en remplissant peu, avec seulement deux litres de terre, le plastique subit beaucoup de pression et casse facilement les jours de grand vent.
… le problème est qu’en tombant, la bouteille n’atterrit sur un fond plat de pot normal, mais sur la plante, en l’écrabouillant.
Il faut vraiment une attache solide.
Le trou à l’arrière ne doit pas être trop petit, puisqu’il sert aussi à faire le remplissage une petite poignée de terre après l’autre. Ca prend mille ans !
C’est finalement beaucoup beaucoup trop de travail en comparaison aux pots ordinaires avec des plantes qui poussent normalement dans n’importe quoi, vers le haut.
Un truc creux, trois poignées de terre, une graine, une autre poignée de terre par dessus, un peu d’eau et hop!
20 secondes.
Il y a juste à arroser de temps en temps.
Zéro manipulation.
N’importe quel pot ordinaire, ou bouteille, ou boite de conserve, peut être accroché aux murs ou au plafond avec deux petits trous et une ficelle ou un bout de fil de fer,
quand on y fait pousser normalement des plantes qui sortent de la terre, en bas, et qui grandissent normalement vers le haut.
Et on pose ou accroche où on veut ce qu’on veut, presque instantanément.
Ca n’a rien à voir avec la galère pour faire pousser des plantes à l’envers.
Par exemple, pour que la tige du plant puisse passer dans le tube en plastique, il faut d’abord rincer la racine pour la débarrasser de presque toute la terre…
… puis donc, remplissage interminable par le fond, d’une seule main, puisque l’autre tient la bouteille qui ne peut pas tenir toute seule à plat.
Ou alors il faut bricoler un support pour tenir les bouteilles le temps des remplissages.
Juste un bâton posé sur deux dossiers de chaises peut dépanner, mais ça n’est quand même pas pratique.
Et surtout pour le transport où les échanges, les cadeaux, la plante doit être suspendue tout le temps, le pot accroché quelque part ou dans les mains tout le temps du transport pour ne pas l’écrabouiller.
C’est du n’importe quoi.
Bon, en plus, même avec les tubes, l’eau souillée coule quand même un peu le long de la tige, et les tomates adultes ne restent pas belles et en bonne santé quand elle sont trop couvertes d’humidité.
Si la nature a fait que les plantes poussent du bas vers le haut, elle avait peut être de bonnes raisons, finalement.
Peut être que l’évolution a sélectionné naturellement les plantes les plus résistantes pendant des millions d’années. Celles qui s’élèvent au-dessus des jus grouillants de bactéries et de champignons microscopiques.
Donc, dans un but d’avoir un potager d’autosuffisance ou de survie, c’est finalement une mauvaise idée. Il n’y a pas d’avantages, que des inconvénients.
Faire pousser des choses à l’envers, c’est à réserver au plaisir, c’est de la décoration. (Si vous avez des heures et des heures à gaspiller sur seulement quelques plantes et vraiment rien de mieux à faire. Vous pouvez aussi faire pousser des bonzaïs. En été il faut s’en occuper deux fois par jour. Si vous n’avez rien de mieux à faire…).
Donc en fait, quand je me suis passionné pour le sujet, j’ai très bêtement fait un amalgame entre « plantes poussant à l’envers » et « plantes suspendues » (accrochées n’importe où en poussant normalement dans n’importe quel pot, du bas vers le haut, normalement).
Oups…
Franchement, des plantes à l’envers, ça n’en vaut absolument pas la peine.
Par contre, accrocher n’importe quel pot sur un mur, au plafond, sur un balcon… c’est une bonne idée. Ca augmente très sensiblement la surface cultivable.
On peut avoir plusieurs niveaux sur un même mur, normalement stérile.
En cas de gros problème durable (catastrophe naturelle, guerre civile…) c’est une possibilité d’augmenter son autosuffisance.
Recycler les bouteilles comme pots gratuits jetables sans remord, c’est bien aussi.
Quelque soit la manière dont vous les découpez il n’y a que deux choses à savoir.
Vous devez percer des trous d’évacuation du trop plein d’eau, en bas.
Et pour les parties en contact avec les plantes, il suffit de petits coups de ciseaux pour replier le bord vers l’extérieur, pour que le bord soit doux.
Ha oui, une dernière chose…
Passé le plaisir de la découverte de la première année, après, franchement, quand on ouvre enfin les yeux,
honnêtement…
Les cultures en bouteille c’est carrément moche en décoration.