« La route » est certainement un des meilleurs films survivalistes de toute l’histoire du cinéma.
Ici il n’est pas question de caricatures de guerriers indestructibles du genre de Mad Max, ni d’aucun autre cliché hollywoodien à grand spectacle.
Tout est basé sur des petites choses vraies, comme de mourir d’une petite plaie quand on n’a pas de désinfectant.
Le film raconte l’histoire d’un père qui protège son fils après une catastrophe du même niveau que celle qui a entrainé l’extermination complète des dinosaures. Puisqu’au moins une « fin du monde » a déjà eu lieu, cela peut se reproduire. Une énorme explosion, puis le ciel s’assombrit et empêche la lumière de passer pendant des années. Des explosions nucléaires peuvent faire ça.
Un super volcan peut faire ça. Justement, on sait depuis peu que l’augmentation de population, en vidant les poches d’eau souterraines, provoque des glissements de plaques, donc des séismes et une activité volcanique.
Un météore peut aussi faire tout ça. Nous sommes dans une période d’extrême activité solaire, avec des vents solaires d’une puissance inouïe de l’ordre de 420 mètres en une seule seconde. Les comètes qui doivent nous frôler dans quelques mois pourraient être déviées par une bourrasque et nous percuter.
… Mais même, sans catastrophe naturelle ou nucléaire, on peut regarder le film en pensant à des choses plus courantes qui ont les mêmes conséquences, comme des guerres, ou la faillite d’un pays.
L’effondrement économique peut priver un continent de tout. Par exemple, juste à côté, en Grèce, après 5 ans de récession, toute la population, TOUTES les classes sociales souffrent maintenant de la faim et des pénuries.
Dès la première minute, le personnage principal se précipite pour remplir sa baignoire. Tout le film est de cette qualité.
Pour quelqu’un qui ne connait pas les risques, comme sa femme par exemple, son comportement est incompréhensible :
« Tu vas prendre un bain maintenant !? »
« Non… Ce n’est pas un bain. »
L’eau est une des choses les plus précieuses, indispensable à la vie.
Sans eau, on meurt en trois jours.
Si l’eau n’est plus purifiée, désinfectée, des millions de gens vont tomber malades et mourir dès les premières semaines. Une baignoire peut contenir 300 litres d’eau potable, avant que l’eau des canalisations ne devienne impropre à la consommation.
Le film montre à la perfection la fragilité de la survie en nomade, dans un environnement hostile et pauvre en ressources :
- Pas de stock de nourriture, pas possible d’en faire pousser, d’élever des animaux,
- Pas de médicaments, de désinfectant,
- Pratiquement pas d’arme, les munitions ne sont pas illimitées,
- Même pour dormir ils gardent un gros bonnet de laine. Ils ne peuvent se permettre de laisser partir dans l’air leurs précieuses calories en ayant aussi peu a manger,
- …
Il y a trois générations à peine, énormément de monde savait fabriquer des munitions. A notre époque, c’est une chose que presque plus personne ne sait faire, même si c’est plutôt simple.
Par contre, fabriquer une flèche est toujours possible assez facilement pour n’importe qui.
A ce propos, à la fin, remarquez la cadence de tir avec un arc. Cette arme en plus d’être silencieuse, à la puissance des armes blanches, qu’on peut utiliser en restant protégé pour frapper à plusieurs dizaines de mètres.
Quand le héros se prend une flèche, il ne l’arrache pas bêtement pour mieux combattre, il la garde dans la jambe.
Ce n’est qu’une fois à l’abri qu’il prend le temps qu’il faut pour la retirer en explorant prudemment la plaie avec un couteau, pour ne pas laisser la pointe à l’intérieur ou faire plus de dégâts en la retirant.
Il referme la blessure avec les moyens du bord : une agrafeuse de bureau, puis du ruban adhésif de chantier. C’est excellent.
Dans le monde des survivalistes, il y a plein de bargeots avec plein d’armes, des dizaines de caisses de munitions pour chaque arme, et qui croient que ça va leur servir à tout.
On voit plein de jeunes naïfs comme ça sur youtube, qui exposent fièrement à tout le monde le contenu ridicule de leur sac d’urgence super pourri : 5 couteaux grands comme le bras, 18 briquets, une barre chocolatée et 5 mètres de paracorde.
Ils ne vont pas survivre longtemps avec ça.
Ou peut être seulement en nomade voleur, profiteur et parasite.
Avec une famille, tous les besoins sont multipliés, tous les individus sont interdépendants.
Si un est blessé, impossible de pousser longtemps le chariot et de continuer à avancer. Tout le groupe est en danger.
Votre famille dépend de vous et réciproquement.
Même les plus faibles sont utiles pour les petites tâches. La survie ce n’est pas qu’avoir des gros fusils, il faut avoir des connaissances pour se nourrir, se chauffer, se soigner, éviter les dangers,…
Dans les périodes de grands troubles, personne n’est vraiment tout blanc ou tout noir. Chacun fait ce qu’il peut.
Mais une constante se dégage nettement partout dans le monde, à toutes les époques : La violence. Pillage, viols, meurtres…
Etre dans une communauté apporte bien plus de sécurité et de force qu’en étant seul.
Ne pas être sur la route mais dans une base autonome durable permet d’avoir des stocks de nourriture, de médicaments, des couvertures, du bois, des système de sécurité,…
En restant dans un endroit bien équipé, on peut produire de la nourriture. Faire pousser des plantes, élever des animaux.
Même sans lumière, si le ciel devenait longtemps comme celui du film, quand on n’a pas à transporter des choses lourdes, la survie est toujours possible. On peut par exemple faire pousser des graines germées, des champignons. Avoir des protéines grâce à des larves d’insectes, berrrk, qu’on laisse grandir dans les restes de nourriture. On peut même cultiver des algues dans des bassins.
Tous les problèmes ont plein de solutions possibles.
Dans le film, le héros et son fils sont obligés de quitter le nord devenu trop froid pour survivre.
La sanction ne traine pas. Une fois sans ressources, isolé, entouré de gens mauvais, le héros meurt rapidement lorsqu’il devient nomade, alors que ses connaissances lui ont permis de survivre bien plus longtemps que la grande majorité de la population.
Ce film est un chef d’oeuvre.
Il risque d’influencer en profondeur votre perception de ce monde qui s’écroule.
Il est interdit aux moins de 12 ans.
Moi je l’aurais interdit aux moins de 16. Il n’y a rien de gore, c’est simplement qu’il faut déjà une certaine maturité pour qu’il n’influence pas vers de mauvais choix.
Tout, tout, tout est une mine d’or d’idées survivalistes. Dans chaque image, chaque scène. Regardez par exemple cette photo :
La taille de la roue.
Vous avez peut être déjà fait une promenade de trois kilomètres avec une poussette. Une fois.
C’est bien le genre de connerie qu’on ne fait qu’une fois.
Au bout de trois kilomètres, la poussette légère et pratique pèse une tonne. On a mal au dos, les doigts commencent à ne plus avoir de force. Le moindre petit trou dans l’asphalte de la route devient un obstacle. Un trottoir de 3 centimètres devient une montagne.
Alors loin du bitume lisse, sur des chemins de terre, de trous, de boue, de neige, les petites roues c’est l’enfer.
Les roues idéales ont un grand diamètre et sont légères, comme des roues de vélo, mais disposées sur un essieu large, pour avoir de la stabilité et ne pas gaspiller beaucoup d’énergie à redresser tout le temps le chariot.
L’acteur ne porte pas les poignées dans ses mains. Il tire une corde passée sur ses épaules, lui permettant d’avancer dans une position moins usante.
Dans ce film, tout est bon jusqu’au moindre détail.
Date de sortie : 2 décembre 2009
Durée : 1h 59min
Réalisateur : John Hillcoat
Avec : Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Guy Pearce
Genre : Science fiction, Drame
Nationalité : Américaine
« On meurt lentement de la faim »
Se-Preparer-Aux-Crises.fr