Encore une année où beaucoup d’agriculteurs français perdent quasiment 100% de leur production, … encore.
Cette fois pas à cause de grêlons de la taille de balles de tennis en plein mois de juillet, ni de gelées tardives juste après le début de la floraison, ni pour trop de pluie trop longtemps qui fait éclater les fruits et fait pourrir tous les grains, ni pour deux ans et demi de sècheresse, les catastrophes « exceptionnelles » de toutes les années précédentes sans exception,
cette année c’est juste une petite canicule explosant tous les records historiques de température.
… enfin, plutôt, une deuxième canicule, après la première du mois dernier. Deux fois dans l’été, c’est du jamais vu, non ?
Et on est seulement en août. Les catastrophes possibles sont loin d’être terminées. La saison des tempêtes, des orages, de la grêle, c’est normalement dans un mois.
Le temps a changé.
Même ici, chez moi en Provence, le climat n’est plus tempéré ni fiable, à peu près stable, malgré la situation géographique exceptionnelle, c’est le chaos climatique comme partout ailleurs.
Il y a deux jours il faisait encore 40 degrés. Deuxième période de canicule de l’été.
Le sujet est tellement sérieux et gravissime que je réécris constamment cet article depuis deux semaines sans être satisfait. Mais j’ai enfin eu le déclic hier soir. J’ai compris ce qui n’allait pas. Je finissais tous les articles par l’idée que l’on souffre déjà et que c’est parti pour être toujours pire, presque toutes les années plus terribles que les précédentes.
C’est trop pessimiste.
Si vous regardez le bilan des 5 dernières années, vous voyez que l’on commence à être gravement dans la merde. Grosso modo maintenant tous les ans en France on ne récolte même pas la moitié de ce qu’on devrait obtenir, nous tous.
Alors l’idée de ce nouvel article est de ne pas finir sur une conclusion déprimante, mais de dresser clairement un tableau réaliste dès le départ, comme ça on peut chercher des solutions et des moyens d’agir efficacement.
Une de mes cousines en a marre. Elle laisse tomber le jardin. Elle pense que ses efforts n’en valent plus la peine, que c’est trop d’eau gaspillée pour trop peu de rendement.
Donc le but de cet article est de vous mettre une petite tape dans le dos pour vous motiver pour protéger vos plantes qui souffrent tellement, pour qu’elles vous récompensent de vos soins.
Regardez :
Des cerises gratuites, sans pesticides, sans conservateurs, sans emballages, sans transports polluants…
Des petites prunes, une quinzaine de kilos, en train de finir de murir sur un arbre d’environ 5 ans…
Une quarantaine de grosses grappes de petits raisins noirs sur un seul pied de vigne…
Un figuier blanc d’environ 5 ans déjà presque plus gros que tous les autres arbres du jardin et couvert de fruits dont j’ai goûté les premiers de la saison aujourd’hui.
Toutes les plantes ne souffrent pas du soleil. Certaines adorent ça.
Regardez la taille des courgettes qui poussent trop abondamment chez ma grande soeur :
Les miennes sont plutôt comme ça :
… oui, c’est mort. Rien de rien de rien.
Malgré le paillage très léger pour limiter la morsure du soleil, les trois variétés de courgettes, les 4 variétés d’aubergines, les 3 variétés d’haricots que j’ai semées cette année ont seulement donné des plantules de quelques centimètres.
Pour les tomates, c’est presque la même chose.
Ce grillage est très bas. Il ne doit même pas faire un mètre cinquante. J’ai pensé que c’était pratique de planter les tomates contre un grillage pour qu’elles s’y emmêlent plus solidement que sur des tuteurs (le vent est violent chez moi), mais cette année je ne peux pas vraiment vérifier.
On voit des plants d’à peine 30 à 60 centimètres, derrière un sol mort, brûlé par deux mois de sécheresse et deux canicules.
Même le plus beau pied n’a pas atteint le tiers de sa taille normale.
En pot c’est encore pire :
J’avais gardé une centaine des plus beaux plants de 8 ou 9 espèces de tomates semées au printemps. J’aurais dû avoir des cagettes pleines de récoltes. J’avais prévu d’en profiter pour faire des articles survivalistes sur le séchage des aliments, les conservations naturelles…
Oups…
Vu la quantité, ça sera pour l’année prochaine.
Je ne suis pas inquiet.
En réalité, ces petites tomates anormalement peu nombreuses, poussant difficilement sur des plants presque dix fois trop petits, ne sont pas vraiment un ratage. En réalité, c’est plutôt le contraire. C’est un don de la nature.
Encore mieux que des pépites d’or.
Il n’y a même pas besoin de creuser pour que ça sorte de la terre, ça sort tout seul. Il n’y a qu’à tendre la main pour les cueillir.
C’est tomates ne sont pas seulement des aliments, c’est des centaines de graines de plantes capables de produire un minimum pendant une canicule record historique.
Leur descendance aura cette capacité de produire ici même si cette catastrophe climatique recommence.
Il suffit de ne pas manger ou jeter les graines en faisant la cuisine, mais de les récupérer, les rincer, les faire sécher, pour avoir des semences résistantes et productives pour le printemps prochain.
Finalement c’est même peut être mieux que toutes les variétés du commerce, les 8 ou 9 que j’ai semées cette année et dont seulement deux sortes ont survécues à la canicule.
Les graines récupérées transmettent à la génération suivante la capacité de survivre à la chaleur.
C’est de la sélection naturelle.
Merveilleux, non ?
Non ancêtres faisaient ça, jusqu’à il y a à peine un demi siècle. Ils récupéraient gratuitement ce que leur offrait la terre, sans enrichir des banquiers, des financiers, ou payer des impôts délirants pour que des incompétents élus grâce à un système électoral truqué ne soient très grassement payés pour détruire nos vies.
Là, c’est zéro taxe pour les gaspillages de hollande.
Le fait d’avoir semé plusieurs variétés de chaque plante voulue, m’a permis d’avoir une récolte minimaliste au lieu de rien du tout.
Toutes les variétés ne résistent pas de la même manière à la chaleur, la sécheresse, ou l’humidité, le froid… tous les écarts climatiques hors normes qui deviennent maintenant très fréquents.
Je me rappelle qu’il y a trois ans j’ai perdu pas loin de 90% de ce que j’avais planté à cause des écarts de températures délirants toutes les deux semaines, environ 20 degrés en plus ou en moins. Du froid glacial et des -5 après un printemps précoce durablement au-dessus de 12 degrés pendant deux semaines, ce qui m’a fait mettre mes semis à l’extérieur, et hop! du gel.
Quelque soit le type de catastrophe climatique, c’est bien d’avoir plusieurs variétés.
Les résistances différentes donnent plus de chances d’avoir du rendement. Et s’il n’y a pas de catastrophes, c’est une production plus étalée dans le temps, plutôt que tout d’un coup au même moment.
La possibilité de manger de l’extra frais à peine cueilli plus souvent, plus longtemps.
Cette année j’avais 6 variétés de fraisiers. Seulement deux ont donné des fruits.
Une a en plus donné très très très très très abondamment des stolons, me permettant d’avoir une quarantaine de fraisiers de plus, gratuitement. Et résistants à la chaleur. En fait qui semblent vraiment adorer la chaleur. (J’espère que maintenant que je les ai, il ne va pas faire un été glacial l’année prochaine. Normalement le principe de la loi immuable de l’emmerdement maximum dit que ça va être toujours pire).
Du coup j’ai commencé à remplacer mon mur de tomates, catastrophique cette année, par un mur de fraisiers.Au lieu d’avoir de la verdure suspendue et des fruits 2 à 5 mois par an, puis des pots vides, tristes et moches le reste du temps, les fraisiers sont mis en place directement pour 5 ans.
Finalement c’est très peu de travail pour plus d’avantages quand on choisit les bonnes plantes.
Pour les fleurs, c’est la même chose. La grosse trentaine d’espèces que j’ai semées cette année a donné extrêmement peu de plantes décoratives, attirant les pollinisateurs…
Les tiges sont minuscules ou brûlées et je me retrouve avec des centaines de pots vides.
Par contre les lauriers sont continuellement en fleurs par centaines depuis plus de 4 mois.
Même les petits, en pot, d’au moins un an, donnent plein de fleurs pendant des semaines.
Du coup j’ai fait encore plus de boutures de toutes les couleurs de lauriers que je rencontre, pour avoir des fleurs partout en continu pendant des mois pendant la belle saison…
Ca aussi c’est gratuit et c’est très facile. J’ai déjà publié un article complet sur quasiment tout ce qu’il faut savoir pour avoir des arbres à partir de petits bouts de branches ou de racines, là.
Les arbres de plusieurs années sont apparemment beaucoup plus résistants et productifs qu’une très grande majorité des plantes ne vivant que quelques mois, qui souffrent énormément des écarts climatiques hors normes.
Ils vont chercher l’humidité en profondeur et ne sont pas trop gênés par un sol brûlé en surface. J’en suis sûr puisque j’ai des figues, des prunes, des raisins, j’ai eu beaucoup de cerises, tous les lauriers donnent des milliers de fleurs, pendant que presque toutes les plantes saisonnières que j’ai semées sont mortes ou dans un état pitoyables.
Apparemment les plantes qui ont une bonne racine poursuivie par un tronc de bois, pas forcément très épais comme pour les vignes, ne craignent pas trop la chaleur.
Donc j’ai envie de faire pousser le plus possible d’arbres de quelques mètres de haut, fruitiers, sur mon mini jardin.
En seulement quelques années le feuillage va couvrir une grande partie du sol et protéger les plantes de ce soleil d’enfer.
Là c’est devenu tellement trop que même les petites plantes qui ont besoin de beaucoup de soleil sont restées minuscules. Piments, poivrons, melons, maïs…
Un autre avantage de planter des arbres et d’avoir des piliers qui grandissent tout seuls, et deviendront de plus en plus épais, sans dépenser plus d’argent en gros travaux
Pas besoin de construire un préau solide, massif, coûteux, quand on peut avoir des arbres qui font la même chose, en mieux, en produisant en plus des fruits, des fleurs, et sans s’abimer avec le temps, mais en devenant au contraire de plus en plus solide, large, couvrant, productif…
Regardez cette passiflore de moins d’un an qui serpente sur le pilier jusqu’à la toiture :
Cette plante peut faire jusqu’à 30 mètres de long. Elle produit énormément de feuilles et de tiges dans des dizaines de directions.
Elle s’accroche toute seule et est très envahissante, mais très agréablement, avec des centaines de fleurs géantes de toutes les nuances de couleurs.
Certaines variétés de fruits peuvent même être consommées. Mmmm, miam… fruits de la passion…
Et donc, c’est une sorte de couverture de tous les supports fixes, pour rendre opaque une clôture transparente ou empêcher le soleil de frapper trop fort un mur ou une toiture mal isolée.
Ca peut même courir sur quelques câbles tendus entre des arbres pour protéger du soleil une grande surface au sol.
On sait déjà qu’on aura l’ombre exactement quand il le faudra, puisque la plante produit beaucoup de feuilles et de tiges quand le soleil commence à se faire sentir.
On est sûr d’avoir du feuillage puisque cette plante dure dix ans. Il n’y a pas à recommencer tous les ans comme avec les courges, qui donnent des feuilles gigantesques, mais seulement si ça se passe bien.
J’ai déjà essayé de couvrir mon atelier mal isolé avec des pots de plantes saisonnières envahissantes à longues tiges légères comme les courges, les melons, les concombres, pour avoir une récolte sur mon toit en plus d’avoir de l’ombre, et c’était un ratage complet. Pas de récolte, mais surtout, pas d’ombre. Ce qui est très gênant dans un atelier dont le toit n’est qu’une plaque ondulée, sans isolation, où dessous la température atteint facilement 70 degrés en été.
Avec des plantes grimpantes durables il n’y a pas ce problème. Elles sont mises en place pour plusieurs années.
Elles se bouturent aussi. On peut couvrir gratuitement des surfaces gigantesques juste avec un petit bout de branche récupéré sur une plante magnifique.
Les plantes grimpantes ne vont pas forcément que vers le haut. Elles vont dans toutes les directions et certaines s’accrochent même solidement du haut vers le bas.
Il y a des plantes grimpantes pour couvrir toutes les surfaces, dans tous les cas de figures.
Oups… encore un article qui me prend énormément plus d’heures que prévues pour le rédiger, l’illustrer et le publier.
Là j’ai besoin d’une pause. Je publierai la fin plus tard…